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posté le 26-04-2008 à 22:23:55

MON FILS, CET AVOCAT

MONFILS, CET AVOCAT

J'aurais pu le rencontrer dans une réunion politique, le croiser dans les couloirs du vieux et sale Palais de Justice de Liège bête à crever, peut-être se serait-il trouvé sur mon chemin un jour de pluie ou de gel. Cet avocat, petit ou grand, aux cheveux noirs ou blonds, athée ou croyant, au costume de bon faiseur ou d'un petit tailleur de quartier, égoïste dans ses propos envers ses aînés, j'aurais pu l'entendre dire convaincu que sa vie était belle. Je l'ai entendu d'une toute autre façon, proférant que l'existence avait été meilleure une fois marié à la fille du bâtonnier, quand il eut un bébé, puis un autre. Il avoua avoir été frustré parce que ses enfants n'étaient pas devenus assez vite âgés pour comprendre son état d'âme, bien qu'il n'en eût pas, et qu'il avait espéré que tout irait mieux avec le temps. Il avança aussi que, arrivés à l'âge de l'adolescence, alors qu'il avait dû traiter avec eux, il avait été extrêmement content, lorsque ses enfants eurent franchi cette étape. Il avait toujours cru, le pauvre, que sa vie serait comblée lorsque sa conjointe se reprendrait en main, quand il changerait pour la xème fois de voiture (plus belle encore, cette fois), lorsqu'il prendrait des vacances aux Caraïbes et une retraite dont la date lointaine était encore à déterminer. Ce qu'il n'avait jamais compris, c'était le fait qu'il n'existait pas de meilleur instant pour être heureux que... MAINTENANT ! Ce qu'il ne savait pas, c'est que sa vie serait toujours remplie de défis. N'était-il pas préférable de l'admettre aujourd'hui et de décider d'être content de son sort malgré tout ? Pendant très longtemps, Monfils avait cru que sa vie était déjà commencée ou, à défaut, commencerait demain ! La vraie vie ! Mais il y avait toujours eu des obstacles, le long du chemin, des épreuves à traverser, du temps à donner ou à prendre, une dette à payer (on en a tous et pas seulement relatives aux finances, mais envers autrui pour services rendus) Enfin, la vie commencerait ! Il n'avait pas encore réalisé, le bougre, que ces obstacles étaient la vie. Cette perspective ne l'avait pas encore aidé à remarquer qu'il n'y avait pas de chemin vers le bonheur mais que le bonheur était le chemin. En ce temps de Noël, moi qui ne suis jamais tombé face à face sur cet avocat de mes fesses, je lui dis, comme à tous ses confrères, de cesser d'attendre d'avoir fini l'Université, d'avoir été promu au titre d'avocat au Barreau de Liège, de commencer à plaider, de prendre dix livres, de se marier, à vendredi soir, à dimanche matin, d'avoir la dernière BMW de l'année, au printemps, à l'été, à l'automne, à l'hiver, de croire en la justice des hommes quand on n'en est pas convaincu soi-même, de mourir ou de renaître, avant de décider d'être heureux. Le bonheur est un voyage, monsieur l'avocat, pas une destination et dis-toi bien qu'il n'y a pas de meilleur moment pour être heureux... que MAINTENANT ! Il te faut vivre, môme, par le savoir et l'intelligence, certes, apprécier le moment présent, surtout, mais aussi vivre avec amour et bonté envers les autres. Alors, comme l'écrivait Rudyard Kipling, ce qui vaut bien mieux que la gloire, tu seras un homme, mon fils. Christian Jean Collard,-  
 


 
 
 

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